Dans le cadre de l’ouverture du musée archéologique de Montmaurin en janvier 2020, le Centre des Monuments Nationaux s’est engagé dans la restauration et la mise en valeur des différentes mosaïques découvertes sur les sites des villas de Lassalles et de La Hillère.
La restauration de cet ensemble, opération complexe demandant le plus grand professionnalisme, a été confiée à l’entreprise italienne Casaril Giacomo.
Les sites archéologiques de Lassalles et de La Hillère mis au jour sur la commune de Montmaurin constituent deux précieux témoignages de la vie des élites gallo-romaines de la fin du IVe siècle de notre ère. Ces villas étaient ornées de placages de marbres de Saint-Béat, de fresques murales mais aussi de sols recouverts de mosaïques. Cette mise en œuvre luxueuse témoigne du rang social des propriétaires. Les mosaïques retrouvées au sein des villas gallo-romaines de Montmaurin, sont dans la lignée du style dit « Aquitain » se caractérisant par des décors géométriques et une ornementation végétale, richement coloré. Ces compositions sont essentiellement réalisées dans des matériaux locaux (marbre de Saint-Béat).
Dans le cadre de l’ouverture du musée archéologique de Montmaurin en 2020, le Centre des Monuments Nationaux s’est engagé dans la restauration et la mise en valeur des différentes mosaïques découvertes sur les sites des villas de Lassalles et de La Hillère. La restauration de cet ensemble a été confiée à l’entreprise italienne Casaril Giacomo.
Cette entreprise, comptant plus de trente années d’expériences dans la restauration et la conservation de biens culturels, a participé notamment à la réhabilitation de monuments de renommée internationale, en particulier pour la ville de Rome (Fontaine de Trevi, les domus Valeriorum et Gianicolo), pour la cité du Vatican (portail du Musei Vaticani) ou encore pour la ville de Nîmes (collection lapidaire du Musée de la Romanité).
En savoir plus sur Casaril Giacomo: https://restauro.casaril.it
Parmi les mosaïques de Montmaurin restaurées, celle, parcellaire, à motifs géométriques et à composition de peltes (petit bouclier en forme de croissant de lune), retrouvée dans la partie thermale de la villa gallo-romaine de La Hillère (située sous l’actuel cimetière de la commune) est un exemple des actions qui ont été nécessaire à la mise en valeur de ce patrimoine.
Découverte par l’abbé Couret, puis prélevée en 1951, cette mosaïque avait alors été remontée sur un support composé d’une couche de plâtre, doublée d’un support en béton, renforcé par des barres rondes d’acier. Elle était scellée dans un renforcement d’un des murs de l’ancien musée municipal de Montmaurin et fixée par cinq crochets en fer fichés dans le bâti.
Mosaïque provenant du quartier thermal de la villa de La Hillère (c) David Bordes
Son enlèvement et sa repose, sur un support plus adapté à sa conservation, furent complexes et ont nécessité plusieurs étapes.
La mosaïque a d’abord été nettoyée et dépoussiérée, avant qu’une protection constituée d’une double couche de gaze de coton soit collée sur toute sa surface et couverte d’une toile de jute le temps des opérations de dépose. Elle a ensuite été détachée du mur avec la plus grande minutie (dépose des ébauches de pierre entourant la mosaïque et des ancrages latéraux). Son extraction a nécessité l’utilisation d’un palan, tandis que sa face était sécurisée par un panneau en nid d’abeilles de 2,5 cm d’épaisseur. Le dégagement du support de la mosaïque a été réalisée à l’aide d’une meule diamant et des coupes pratiquées jusqu’à environ 0,5 cm du niveau des tessères puis enlevées aux ciseaux. Dans un second temps, une couche de nivellement et un support en nid d’abeille ont été mis en place. Enfin, une barre de fixation pour permettre l’accrochage a été ajoutée.
Elimination de l'ancien support plâtre / béton (c) Casaril Giacomo
Dans le cadre de sa restauration, il est apparu que certains manques avaient déjà été comblés lors de précédentes opérations de restaurations avec un plâtre incisé peint reprenant le motif de la mosaïque. Par souci du respect de l’historicité des précédentes interventions, ces retouches ont été conservées. Les autres manques ont été bouchés et aquarellé. Une protection en résine acrylique (3% acétone) légère et superficielle a été appliquée, permettant une meilleure durabilité dans le temps, sans dénaturer l’œuvre.
Enlèvement de la protection coton/ toile de jute à l'issue de la dépose de la mosaïque (c) Casaril Giacomo
La mosaïque est aujourd’hui exposée dans la chapelle de N-D de la Hillère et s’offre aux regards du public lors de visites proposées par les agents du Centre des Monuments Nationaux. Elle constitue avec les cinq autres mosaïques présentées à N-D de La Hillère et les deux in situ à la villa de Lassalles, un ensemble exceptionnel.
Chapelle Notre-Dame de La Hillère, vue des mosaïques gallo-romaines nouvellement restaurées (c) David Bordes